Vous vous êtes sûrement demandé pourquoi certains réussissent à peu près tout ce qu’ils entreprennent, tandis que d’autres accumulent les échecs. Vous avez peut-être pensé qu’ils étaient tout simplement chanceux, qu’ils étaient nés sous une bonne étoile… Et si cela était dû à leur niveau de confiance en soi, ce sentiment d’efficacité personnelle qui varie d’un individu à l’autre.
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Quelle est la différence entre la confiance en soi et l’estime de soi ?
C’est une question récurrente et cela n’est pas étonnant puisque les deux sont intimement liées. L’estime de soi est un jugement sur soi-même qui se fait dans la sphère cognitive ; elle peut être positive ou négative. Ainsi si certaines personnes sont persuadées qu’elles ne présentent aucun intérêt, qu’elles sont insignifiantes, d’autres ont le sentiment d’avoir de la valeur.
La confiance en soi est un sentiment réaliste de sécurité (c’est un ressenti émotionnel). Or, si vous avez une bonne opinion de vous, cela vous conforte dans vos actions et à chaque réussite, votre niveau de confiance en soi augmente. À l’inverse, si vous avez une mauvaise opinion de vous, c’est que vous vous estimez incompétent. Cela vous arrête dans votre élan et le moindre écueil prend une importance disproportionnée. Vous vous confortez alors dans l’idée que vous n’êtes pas à la hauteur de vos ambitions.
Ainsi un niveau élevé de confiance en soi est un formidable levier de motivation. Il vous permet d’étayer votre volonté d’entreprendre et de persévérer. C’est un atout efficace pour surmonter les difficultés qui se dressent sur la route de la réussite. C’est ce qui explique le comportement des gagnants.
A contrario, un manque de confiance en soi plonge dans l’incertitude permanente et conduit à rechercher sans fin des éléments rassurants. C’est ce qui pousse alors à ne pas sortir de sa zone de confort et à rester dans une routine réconfortante. C’est une position qui présente peu de risques, mais qui ne vous permettra sûrement pas de combler vos désirs de réussite.
La confiance en soi est-elle innée ou acquise ?
Un enfant ne vient pas au monde avec une bonne ou une mauvaise estime de soi. C’est dans les premiers jours de sa vie qu’elle va commencer à se construire. Et tout débute lorsqu’il regarde sa mère et qu’il y voit se refléter sa propre image. C’est dans son regard que le nouveau-né se structure. Pour que l’équilibre émotionnel s’instaure entre l’image que l’on a de soi et celle que les autres nous renvoient, il est donc primordial que le premier regard soit un regard d’amour inconditionnel, élément essentiel pour un accordage affectif réussi.
Mais ce n’est pas tout, la construction de l’estime de soi et par conséquent de la confiance en soi est également dépendante de toutes les périodes de l’enfance, que cela soit au sein de la famille ou à l’école. Un enfant qui est sans cesse rabroué, à qui l’on dit qu’il est « bête » et « qu’il n’arrivera jamais à rien » ne peut pas se forger une estime de soi suffisante pour alimenter sa confiance en soi.
On peut donc dire que la confiance en soi n’est pas innée, elle nécessite un départ dans la vie dans de bonnes conditions ou des tuteurs de résilience si tel n’a pas été le cas.
Le manque de confiance en soi est-il toujours visible ?
Une estime de soi négative entraîne une diminution importante du niveau de confiance en soi. Ce phénomène n’est pas forcément remarquable vu de l’extérieur et certains individus peuvent donner l’impression d’être tout à fait à l’aise en toutes circonstances, alors qu’au fond d’eux-même ils sont en souffrance.
Nous ne le percevons pas facilement, car nous portons tous en permanence un masque, ce que Jung, médecin psychiatre, appelait la persona et qu’il décrivait ainsi : La persona est le système d’adaptation ou la manière à travers lesquels on communique avec le monde […] On peut dire, sans trop d’exagération, que la persona est ce que quelqu’un n’est pas en réalité, mais ce que lui-même et les autres pensent de lui »[1]. On peut noter au passage la montée en puissance d’une forme nouvelle de persona avec les avatars sur les réseaux sociaux.
C’est ainsi que la différence entre le vrai moi et le faux self, comme le dénommait le pédiatre et psychanalyste, D.W. Winnicott, est plus ou moins grande en fonction de ce que l’on ressent lorsque l’on est en présence d’autrui. Pour la psychanalyste jungienne Juliette Vieljeux « La persona tient lieu de représentation : une de ses faces est faite de l’adaptation au monde externe, l’autre face est plaquée au moi ». Un sujet avec un niveau très bas de confiance en soi doit effectuer un travail important pour se composer une persona qui le protège efficacement.
Les conséquences du manque de confiance en soi
L’isolement
La peur du regard des autres qui peut aller jusqu’à provoquer des crises d’angoisse, voire une phobie sociale (blemmophobie), est souvent à l’origine de ce retrait volontaire du contact des autres.
Il s’agit généralement d’une difficulté avec son schéma corporel. C’est pourquoi ce phénomène touche essentiellement les adolescents. La peur du regard des autres est parfois la conséquence d’événements traumatisants sur le plan scolaire. Avoir été tourné en ridicule devant ses pairs, avoir subi un harcèlement… fait chuter de manière vertigineuse la confiance en soi.
Les individus qui en souffrent ont tendance à s’éloigner des groupes et ne prennent jamais la parole en public. Ils peuvent également adopter des conduites agressives en tant que mécanisme de défense. Une thérapie cognitivo-comportementale peut aider le sujet à retrouver une vie sociale, mais c’est le plus souvent par l’approche psychanalytique que l’on peut amener le patient à cerner les événements à l’origine du trouble et à lever ses blocages.
Le doute de soi
Il s’agit de la remise en question chronique de ses capacités tant physiques qu’intellectuelles. Le doute de soi mène souvent au syndrome de l’imposteur.
Pour Marie-Anne Casselot, doctorante en philosophie à l’Université de Laval, on peut parler d’un « doute de soi féminin » engendré par une socialisation genrée. Ce phénomène ne se retrouve d’ailleurs pas dans tous les milieux, car il dépend essentiellement du contexte familial et socioculturel.
Sur le plan physique, Marie-Anne Casselot évoque les théories de Iris Marion Young[2]. Selon cette professeure de science politique, philosophe et féministe américaine : « il existerait […] une motilité féminine contradictoire, car le rapport entre l’action et le but de l’action est interrompu », cette intentionnalité étant entravée par une socialisation genrée. Elle poursuit en affirmant que « […] notre manque de confiance dans nos capacités cognitives et nos compétences en leadership résultent en partie d’un doute originel à propos de nos capacités corporelles ».
Sur le plan intellectuel, une recherche menée en 2017[3] sur la genèse du doute « typiquement féminin » a recensé les « réponses d’un échantillon paritaire de 400 enfants de classe moyenne, âgés de 4 à 6 ans à propos de la caractéristique de « génie/brilliance ».
Sur la base des résultats de cette enquête, Marie-Anne Casselot écrit : « Les entretiens […] démontrent que les filles ne s’auto-identifient pas comme “capables” de jouer à un jeu catégorisé pour enfants brillants. Leur motivation s’essouffle rapidement et elles ne réalisent pas leur plein potentiel, car elles présupposent leur inadéquation envers cette catégorie. C’est une autre déclinaison de l’intentionnalité entravée youngienne. » La conclusion de Trudy Govier, professeure de philosophie canadienne, est sans appel « Un doute de soi compulsif entraîne des conséquences négatives sur la confiance en soi et influe nécessairement sur le statut d’agent moral d’une personne ».
Marie-Anne Casselot termine cependant sur une note optimiste, lorsqu’elle écrit : « Le doute féminin de soi persiste aujourd’hui, mais idéalement il s’effritera avec les avancées des femmes et des féministes, probablement en “dégenrant” l’éducation et en rendant plus flexibles les catégories de genre. On pense bien évidemment en premier aux cadeaux comme la poupée destinée aux filles et le camion de pompier aux garçons. Mais, c’est en fait une nouvelle vision des centres d’intérêts des enfants qui commence à voir le jour. Les barrières tombent petit à petit et le champ des possibles s’ouvre de plus en plus largement.
L’hésitation
Le manque de confiance en soi engendre souvent un manque de confiance dans les autres et provoque alors des instants d’hésitation au moment d’agir qui peuvent aller jusqu’à l’hésitation paralysante.
Si le manque de confiance dans les autres peut venir d’expériences malheureuses, il est souvent relié à des carences affectives dans l’enfance. Si les besoins essentiels du nouveau-né ne sont pas comblés rapidement, il entre vite dans une situation de détresse et si cela se répète trop fréquemment, il ressent profondément qu’il ne peut rien attendre des autres.
Pour se sortir de ses doutes et donc de son hésitation, le sujet qui manque de confiance en soi a tendance à se limiter à attendre de voir ce que l’autre attend de lui et à accepter tout simplement le rôle qu’il lui assigne. Dans la sphère professionnelle, cela devient un frein puissant qui limite l’évolution.
La méfiance instinctive
Lorsque la confiance en soi est ébranlée depuis des années, elle peut entraîner une méfiance générale envers les autres. Même les paroles les plus encourageantes ne réussissent pas à faire leur chemin et à restaurer une confiance en soi trop dégradée.
Cette méfiance instinctive qui se met en place est le résultat de l’évaluation d’une situation en fonction d’un apprentissage à la fois cognitif, émotionnel et pratique. Si les événements de la vie du sujet ont été, de manière récurrente, entachés de mensonges, voire de trahison et cela dès son plus jeune âge, il s’ensuit une incertitude chronique sur tout ce qui échappe à son contrôle direct. Cela déclenche une méfiance généralisée dans tous les domaines (professionnel, amical, familial…).
La crainte ou la peur finissent par s’insinuer dans tous ses rapports sociaux, particulièrement lorsque les enjeux sont importants.
Pour restaurer cette confiance en soi dégradée, seule l’intervention d’un tiers neutre n’ayant aucun lien avec le sujet, comme cela est le cas avec un psychothérapeute ou un psychanalyste, pourra permettre d’effectuer un travail de reconstruction.
Comment avoir confiance en soi
Cesser de se comparer aux autres
Vous êtes un être unique avec des qualités, des défauts, des compétences et des lacunes et le fait de considérer les autres comme un étalon de la réussite n’est pas une bonne solution.
Il est beaucoup plus profitable de comparer votre situation actuelle avec celle que vous souhaiteriez dans un an, cinq ans ou dix ans. En prenant votre destin en main, vous allez multiplier les occasions de progresser et de vous féliciter du chemin parcouru. Savourez chacune de vos victoires, tenez compte de vos échecs pour redresser la barre et surtout suivez votre route et n’essayez pas d’imiter ceux qui vous entourent.
Accepter les échecs
Vous avez visé trop haut, vous avez fait preuve de témérité et cela n’a pas fonctionné. C’est un passage obligatoire sur la route du succès. Personne n’a jamais réussi sans commettre parfois des erreurs et en subir les conséquences. Dites-vous qu’un échec n’est qu’un apprentissage supplémentaire. Le plus important c’est d’en tirer des enseignements et de recommencer là où vous avez temporairement échoué.
Faire preuve de bienveillance envers soi-même
Nous avons tous tendance à nous juger plus durement que ne le font nos amis, nos collègues, nos supérieurs… Nous sommes la plupart du temps impitoyables avec nous-mêmes. C’est contreproductif, car l’autoflagellation n’a jamais permis de progresser. Si vous vous trompez, faites le bilan des erreurs qui vous ont fait trébucher, corrigez-les et continuez sur le chemin de l’aventure.
Fuir la victimisation
Vous n’avez pas eu la promotion tant attendue, vous n’avez pas décroché le poste que vous souhaitiez… Ce n’est certainement pas le moment de baisser les bras et de vous lamenter sur votre sort. Retroussez vos manches, repartez dans la course et mettez toutes les chances de votre côté pour que la prochaine tentative soit la bonne.
Avoir de l’ambition
La confiance en soi doit être mise à l’épreuve pour qu’elle s’affermisse au fil des années. Sortez des sentiers battus, entreprenez, apprenez, intéressez-vous au monde qui vous entoure. Si la maîtrise s’acquiert par la pratique, c’est en ayant de l’ambition que l’on renforce la confiance en soi.
[1] C.G. Jung – Ma vie – Editions Gallimard, collection Folio, 1973, p. 633
[2] « Throwing like a Girl: A Phenomenology of Feminine Body Comportment Motility and Spatiality », Human Studies, 3, 2 : 137-156.
[3] BIAN, Lin, Sarah-Jane LESLIE et Andrei CIMPIAN 2017 « Gender Stereotypes about Intellectual Ability Emerge Early and Influence Children’s Interests », Science, 355, 6323 : 389-391.