Le bilan professionnel ne doit pas être confondu avec les entretiens professionnels et encore moins avec le bilan de compétences. Chacun d’entre eux a un objectif bien précis et se déroule d’une manière spécifique.
Les entreprises doivent procéder à un entretien professionnel, selon la loi relative à la formation professionnelle, à l’emploi et à la démocratie sociale (2014-288 du 5 mars 2014) [i] et la loi (2018-771 du 5 septembre 2018) pour la liberté de choisir son avenir professionnel [ii]. Si le salarié a 2 ans d’ancienneté dans la société, cette dernière doit effectuer un entretien professionnel tous les 24 mois. Elle est également tenue de satisfaire à cette exigence pour tout salarié qui reprend son activité après un congé (sabbatique, parental, soutien familial…) ou un arrêt maladie de longue durée.
Tous les 6 ans, soit après 3 entretiens professionnels, l’entreprise doit offrir la possibilité à tout membre du personnel de faire un bilan professionnel.
L’entretien professionnel ne doit pas être confondu avec l’entretien d’évaluation qui est facultatif pour l’employeur, mais obligatoire pour le salarié, sous réserve qu’il ait été informé au préalable sur l’ensemble des modalités de cet entretien (transparence des objectifs de cette évaluation, communication préalable de la grille d’évaluation au salarié…). Les objectifs de cette rencontre sont de vérifier que les compétences du collaborateur sont parfaitement en adéquation avec les tâches qui lui sont confiées.
L’entretien d’évaluation, qui a lieu généralement une fois par an entre le salarié et son supérieur hiérarchique, peut également se dérouler en présence de l’équipe au sein de laquelle il a travaillé. Cette collégialité a pour finalité d’apporter certaines nuances, si nécessaire, au projet d’évaluation réalisé par le manager.
Sommaire
Les différences entre le bilan de compétences et le bilan professionnel
Le bilan de compétences
L’objectif premier de ce bilan est de faire le point sur vos compétences professionnelles, mais aussi personnelles. Une analyse de vos aptitudes et de vos motivations a pour objectif de mettre en évidence des possibilités d’évolution professionnelle ou de changement de profession. Il permet alors de dégager certains besoins de formation. À la fin du bilan, il vous est remis un document de synthèse.
Ce bilan est ouvert aux salariés œuvrant dans le secteur privé ou public, mais aussi aux personnes en recherche d’emploi. Il est éligible au CPF (compte personnel de formation). Si vous l’effectuez en dehors de votre temps de travail, vous n’êtes pas tenu d’en informer votre entreprise. À l’inverse, s’il nécessite que vous vous absentiez pendant les journées travaillées, vous devez obtenir son accord.
Un bilan de compétences a une durée qui est limitée à 24 heures. Il est réalisé en dehors de l’entreprise. Les entretiens sont généralement répartis sur plusieurs semaines. Il est découpé en trois étapes qui n’ont pas forcément la même durée. Celle-ci est variable en fonction des individus.
La première a pour objectif de délimiter les attentes du bénéficiaire, tant en termes de demande que de besoin. Cela permet au prestataire de définir avec lui les modalités les mieux adaptées pour un déroulement harmonieux du bilan.
La deuxième est orientée vers le projet professionnel retenu, tout en ne négligeant pas la possibilité d’autres alternatives. En effet, il faut vérifier que l’ambition est saine et que ce projet est pertinent et réalisable.
La troisième est celle de la conclusion. Il s’agit alors de déterminer les moyens qui devront être mis en œuvre pour la concrétisation du projet professionnel choisi.
Le bilan professionnel
La différence majeure avec le bilan de compétence est que ce bilan est réalisé pour des personnes qui sont en activité. Il ne concerne donc pas celles qui sont en recherche d’emploi. Il se déroule au sein de la société.
Le bilan professionnel s’inscrit dans le cadre de la responsabilité de l’employeur au niveau de la formation et il constitue un outil indispensable pour la gestion des ressources humaines au sein d’une société.
Les objectifs du bilan professionnel
Ils peuvent être différents selon les situations. Ainsi, un bilan professionnel peut avoir pour objectif de trouver la meilleure solution dans le cadre d’un besoin de mobilité interne ou dans celui d’un reclassement. Mais, quel que soit le but, le bilan professionnel permet de faire un point sur votre carrière après trois entretiens professionnels qui se sont déroulés tous les deux ans. C’est à partir de votre personnalité et d’éléments factuels que vous serez amené à réfléchir à vos désirs, à vos besoins et aux moyens nécessaires pour les réaliser.
Le déroulement du bilan professionnel
Contrairement au bilan de compétences qui se déroule en 3 étapes, le bilan professionnel est découpé en 4 phases. S’il est demandé par le salarié, il doit obtenir l’accord de l’entreprise. S’il est fait à l’initiative de l’employeur, ce dernier sera présent durant chaque phase. La durée d’un bilan professionnel est comprise entre un minimum de 20 heures et un maximum de 24 heures.
1re phase
Elle est considérée comme une phase préliminaire. C’est un moment de prise de contact et d’engagement pour les deux parties. Il s’agit de bien cerner quelles sont vos attentes dans le cadre professionnel en tant que salarié de l’entreprise, quels sont les freins qui vous empêchent de répondre à ces attentes et quelles en sont les origines.
C’est un moment très important qui ne doit pas être considéré comme une simple mise en contact. Vous devez donc l’anticiper et vous autoquestionner sur vos attentes exactes ainsi que sur les difficultés que vous avez repérées pour atteindre vos objectifs. Il est possible que ces freins soient réels (besoin de formation), mais ils peuvent également être psychologiques. Un manque de confiance en soi qui peut aller jusqu’à ressentir un « syndrome de l’imposteur » est souvent à l’origine d’une stagnation dans l’évolution professionnelle.
Si vous vous êtes bien préparé à l’entretien, vous profiterez pleinement de ces instants privilégiés. Votre interlocuteur n’est pas là pour vous juger, mais pour vous permettre d’atteindre vos objectifs. Vous devez lui accorder votre confiance et jouer franc jeu. Même si vos attentes vous paraissent élevées, n’hésitez pas à lui en faire part. Il saura vous aider à trouver la juste mesure pour que vous puissiez vous épanouir professionnellement.
2e phase
Cette phase est communément appelée « étape d’investigation ». Elle a pour but de dégager des éléments importants :
- Votre savoir et votre savoir-faire (les hard skills)
Il s’agit de se pencher sur votre potentiel. Ce sont les ressources qui sont en vous et qui constituent votre richesse. Votre savoir représente l’ensemble des compétences théoriques que vous avez acquises durant vos études et dans l’exercice de votre profession. Tandis que votre savoir-faire correspond à vos compétences opérationnelles, c’est-à-dire l’aisance avec laquelle vous accomplissez les missions qui vous sont confiées.
C’est en explorant votre itinéraire, tant sur le plan professionnel que personnel, qu’il sera possible de cerner quelles sont pour vous les situations qui sont satisfaisantes et celles qui ne le sont pas. Par exemple : si votre savoir-faire n’est pas en adéquation avec votre savoir, il se peut que vous manquiez simplement de pratique. Un mentoring peut alors être mis en place par des pairs pour vous aider à mettre en œuvre la théorie que vous maîtrisez bien.
- Votre savoir-être (les soft skills)
On parle ici de vos compétences personnelles. On se trouve alors dans un domaine purement subjectif. C’est pourquoi le savoir-être est plus difficile à cerner que le savoir et le savoir-faire. Votre interlocuteur va s’attacher à découvrir la manière dont vous vous comportez dans la sphère professionnelle. Êtes-vous une personne chaleureuse et emphatique, ou alors plutôt réservée et qui se tient à l’écart ? Êtes-vous curieux et prêt à vous engager dans les nouveaux projets ou préférez-vous rester dans votre zone de confort ?
Pour être certain d’être perçu tel que vous pensez être, je vous conseille de poser quelques questions à vos collègues sur la manière dont ils vous identifient. Si vous faites cette démarche avant le bilan professionnel, vous aurez ainsi une vision intéressante de l’impression ressentie par les tiers, tant sur vos attitudes que sur vos comportements.
Enfin, ne soyez pas étonné si l’on vous fait passer des tests de personnalité durant cette phase. C’est un point commun avec le bilan de compétences et cela permet souvent au salarié de découvrir une facette de sa personnalité qu’il ignorait.
3e phase
Tout est dit ou presque ! Il est temps à présent de se pencher sur les perspectives d’évolution, de formation, voire de réorientation qui se dégagent en fonction de votre profil. C’est donc l’étape de l’étude de faisabilité de votre projet.
4e phase
C’est l’étape de la conclusion. Un document de synthèse a été établi et il est remis au salarié. Il comporte l’ensemble des éléments qui ont permis de déterminer un projet professionnel réalisable.
En résumé, ne négligez pas l’opportunité de faire un bilan professionnel. C’est un outil performant pour piloter et prendre en main votre réussite professionnelle.
[i] https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000028683576/
[ii] https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000037367660/