Dans l’Odyssée d’Homère, on peut lire qu’Ulysse décide de confier son fils Télémaque à son ami Mentor, avant d’entreprendre un long voyage. Il lui demande alors de prendre en charge son éducation en tant que précepteur, mais d’être aussi un guide pour l’aider à faire son entrée dans le monde. On note donc déjà deux volets complémentaires dans le mentoring : le savoir-faire et le savoir-être.
Sommaire
Qu’est-ce que le mentoring ?
Si la pratique du mentoring est adoptée par de nombreux managers dans les pays anglo-saxons, elle tarde à faire son apparition dans l’hexagone. Et pourtant le mentor est aujourd’hui un élément majeur dans une société où il est de plus en plus difficile de réussir seul. Il est souvent la clé de la réussite.
Il représente un accompagnement spécifique, notamment pour les femmes entre 35 et 45 ans, à la recherche d’opportunités professionnelles. Que ce soit pour des postes à responsabilité, pour la création ou le développement de nouveaux business. Pour préparer cette deuxième partie de carrière, il faut de la confiance en soi, une meilleure compréhension des ficelles pour y parvenir et un zeste d’audace supplémentaire.
C’est ce que Martine Liautaud nous fait découvrir dans son livre Culture mentoring : des opportunités pour tous, une chance pour les femmes. Dans la dynamique vers l’égalité professionnelle qui s’accentue ces dernières années au point de se hisser au rang de « Grande cause nationale du quinquennat », le mentoring est un formidable levier pour les femmes, mais aussi pour les hommes. Dans un esprit win-win, il leur permet de mieux appréhender les problématiques des femmes, non seulement celles de leurs collègues féminines, mais aussi celles de leurs proches et de leurs filles.
Quel est le rôle d’un mentor ?
Tout d’abord, il ne faut pas confondre un mentor avec un tuteur. Le tuteur est un pair qui possède plus d’acquis que le tutoré. Il aide l’apprenant à poursuivre ses études. Le mentor est une personne expérimentée qui va mettre ses connaissances au service du développement professionnel du mentoré.
Le rôle d’un mentor comporte trois étapes qui sont essentielles pour faciliter la réussite professionnelle du mentoré. Elles ont pour objectif :
- de lui permettre de retrouver ou d’accroitre sa confiance en soi ;
- de réduire ses tendances à l’autocensure ;
- de l’accompagner dans le changement.
Les deux premières étapes sont indispensables pour que le mentoré soit en mesure de saisir toutes les opportunités qui se présenteront à lui. L’accompagnement du mentor dans le changement consistera à lui faire profiter de ses propres expériences, à lui apprendre à juger de ses forces et de ses faiblesses au moment de prendre d’importantes décisions. Enfin, il pourra lui apporter une aide substantielle en lui ouvrant son carnet d’adresses.
Il augmente la confiance en soi
En effet, la confiance en soi est un atout indispensable pour réussir sa carrière professionnelle. Elle prend sa source dans l’histoire familiale. Une valorisation permanente des succès obtenus dans les premières années de la vie d’un enfant et un encouragement à se relever après un échec construisent ses fondations.
Si la confiance en soi est avant tout une auto-évaluation de notre valeur, elle est également fortement influencée par le regard des autres. Ce besoin de ressentir l’appréciation de notre entourage professionnel est de même nature que celui qui nous faisait rechercher l’amour inconditionnel de nos parents. C’est pourquoi un départ dans l’existence avec un manque de confiance en soi est un élément perturbateur dans la réussite d’une carrière professionnelle.
La première mission d’un mentor est de vous aider à faire le point sur votre potentiel et vos aptitudes, pour que vous preniez conscience de votre valeur. Ce travail consiste à vous encourager à répertorier vos compétences acquises et les ressources dont vous disposez pour les augmenter. Mais ce n’est pas tout. Il va également tester votre motivation et vérifier que vous êtes prêt à donner l’élan nécessaire pour réussir votre carrière professionnelle.
Il réduit les tendances à l’autocensure
L’autocensure est intimement liée au manque de confiance en soi. Si vous avez été peu valorisé dans votre enfance, si votre « savoir-être » a été plus souvent remis en question que « votre savoir-faire », il est normal que vous ayez tendance à vous dévaluer. Certaines phrases entendues pendant l’enfance sont de fortes incitations à l’autocensure. C’est le cas des enfants à qui l’on répète « tu es maladroit, tu es intrépide, tu es bête…». Ceux qui ont été confrontés à des mots comme « tu n’agis pas intelligemment ou tu fais preuve de maladresse » ne sont pas impactés de la même manière. Les constats portent uniquement sur leurs erreurs de conduite. Ils ne remettent pas en question leur ego.
Il vous accompagne dans votre transformation
Lorsque votre mental est reboosté, la partie est bien entamée, mais pour qu’elle soit gagnée, il faut que vous soyez accompagné parce qu’avancer seul est un leurre. Pour pénétrer l’écosystème que vous visez, il vous faut une clé et c’est votre mentor qui la détient. Il est à même d’apporter son témoignage sur vos talents professionnels et peut vous ouvrir son carnet d’adresses. Son rôle dans cette troisième étape est décisif pour la réussite des femmes ambitieuses qui souhaitent faire décoller leur carrière en occupant un poste de cadre supérieur ou de cadre dirigeante.
Un échange gagnant-gagnant entre mentor et mentoré
Le mentoring doit être considéré comme un échange entre celui qui peut aider et celui qui veut réussir. C’est ainsi qu’il est source de progrès pour les deux parties. Mais son effet ne s’arrête pas là. Un troisième partenaire va profiter grandement du mentoring, c’est l’entreprise ! Bien que peu pratiqué au sein des sociétés françaises, le mentoring a déjà porté ses fruits pour celles qui ont compris toute l’utilité de cette relation intergénérationnelle sur le plan de l’apprentissage, mais aussi sur celui du comportement social. Ainsi ce travail win-win-win permet de fidéliser les jeunes recrues et d’éviter qu’elles partent dès la fin de leur première année, ce qui représente une lourde perte d’investissement.
J’ai en tête cette anecdote d’une jeune femme mentorée chez Engie. Elle me retrouve lors d’un déjeuner, avec un large sourire, en me disant : « je l’ai fait, j’ai tenu tête à mon boss pour la première fois ». Cela a été le début de son ascension.
Plus particulièrement dans le vivier féminin, le mentorat révèle de grands talents qui seraient passés inaperçus, alors que les entreprises les recherchent pour se développer ou se transformer.